18 janvier 2007
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Comme je l’ai succinctement évoqué dans mon article sur le congé solidaire, j’ai fait mon service militaire dans les Nations-Unies au Liban. Ce n’était évidemment pas hier, mais ce n’est pas si loin non plus... disons pas très loin... C’est en tout cas une expérience que je n’ai jamais regretté. D’abord parce qu’on côtoie plusieurs nationalités, et ensuite parce que le contact que nous avions avec la population (pas tous...) était humainement très riche. La FINUL (Force Intérimaire des Nations Unies au Liban) était composée de plusieurs bataillons de différentes nationalités. Il y avait les italiens, les suédois (et les suédoises qui s’occupaient de l'hôpital...), les norvégiens, les finlandais, les fidjiens, les ghanéens, les népalais, je crois n’avoir oublié personne. Il y avait 4 compagnies françaises, j’appartenais à l’unité de combat, la CCB (Compagnie de Combat Blindée). J’étais pilote VAB (Véhicule de l’Avant Blindé). Notre principale mission consistait à escorter les officiels qui souhaitaient circuler dans la zone. Vous pouvez vous faire une idée de cette zone à cette adresse.
http://www.un.org/Depts/Cartographic/map/dpko/unifil.pdf
On réalisait également des missions humanitaires dans des villages assez reculés pour apporter des soins médicaux et dentaires. Le rythme était invariablement le même, un jour d’escorte, un jour de garde (2h de mirador suivi de 4h de repos et ce pendant 24h) et un jour d’alerte hijack (enlèvement). Le temps passait vite, pas le temps de réfléchir, sauf peut-être lorsqu’on était seul pendant les 2h de mirador. Les journées d’escortes avaient ma préférences, mêmes si elles étaient plus “risquées”. On voyait du pays, on était en contact avec la population, et on rencontrait les autres bataillons étrangers. Un véritable tour du monde. J’adorais les fidjiens, ils étaient vraiment cool!, les finlandais... assez froid. Les norvégiens sympa, les népalais... surprenant... enfin bref, à chaque fois que nous nous arrêtions dans un bataillon étranger, c’était un peu comme si nous étions dans leur pays, tant la culture était présente.
Je crois que je pourrai noircir des pages et des pages sur ce passage de ma vie, mais aujourd’hui j’ai juste envie de vous faire partager une de ces expériences. Pas une expérience de guerre, les journaux s’en charge assez, non juste une expérience humaine.
Près du camp vivaient beaucoup de personnes. Certains y avaient ouvert une petite boutique où nous pouvions dépenser nos dollars. On y trouvait à peu près tout ce qui pouvait se vendre, et la population locale était toujours prête à rendre service. Nous avions donc pris l’habitude de faire laver et repasser notre linge dans une famille en échange de quelques dollars. Au fil du temps, cette famille devenait comme une famille d’accueil, à qui on rendait visite dès que nous avions un peu de temps libre pour discuter un peu et donner notre sac de linge. Un soir, je me rendis donc dans ma famille d’accueil, et j'eus le privilège d’être invité dans l’arrière boutique par le propriétaire des lieux. Sa joie se lisait sur son visage et je voyais bien qu’il avait vraiment envie de me faire plaisir. Il me prit de m'asseoir, ce que je fit. Nous commençons à discuter jusqu’au moment où réjouie, il me tendit un verre de lait chaud. Du lait chaud, ce n’était pas ma tasse de thé... Je n’avais donc pas spécialement envie de le boire, et n’y prêta qu’une vague attention. Je vis très vite que mon désintérêt pour son verre de lait le décevait vraiment. Il m’a fallut un peu de temps pour comprendre que ce qui le réjouissait depuis le début, c’est qu’il voulait m’offrir un verre de lait. Le lait, nous n’en manquions pas au camp et bizarrement j’avais extrapolé en pensant que eux non plus n’en manquaient pas... Ben j’avais tout faux... Ce procurer du lait, ça n’avait rien de facile pour eux. Et m’offrir ce verre de lait dépassait largement le cadre du “tiens tu bois un coup?”. J’ai donc fait l’effort de boire ce verre en le remerciant chaleureusement pour ce geste. Je n’en ai pas laissé une goutte!
Je repense souvent à cette anecdote et au fait qu’un produit courant comme le lait puisse devenir un produit de luxe pour certains. Chaque fois qu’il y a une collecte alimentaire dans mon supermarché pour les restos du coeur ou autres, je repense à cette histoire, et je réalise le bien que je peux faire en achetant quelques boites, couches pour bébé, ou autre nécessaire d'hygiène. Je repense à ces sourires, à cette générosité et je me dis qu’en achetant quelques denrées c’est certainement à un bonheur identique que je contribue. Qu’une mère ou un père sera heureux de pouvoir donner quelque chose de bon à ses enfants ou sa famille. C’est à ça que je pense lorsque je tends ce que j’ai acheté aux bénévoles qui font la collecte.
http://www.un.org/Depts/Cartographic/map/dpko/unifil.pdf
On réalisait également des missions humanitaires dans des villages assez reculés pour apporter des soins médicaux et dentaires. Le rythme était invariablement le même, un jour d’escorte, un jour de garde (2h de mirador suivi de 4h de repos et ce pendant 24h) et un jour d’alerte hijack (enlèvement). Le temps passait vite, pas le temps de réfléchir, sauf peut-être lorsqu’on était seul pendant les 2h de mirador. Les journées d’escortes avaient ma préférences, mêmes si elles étaient plus “risquées”. On voyait du pays, on était en contact avec la population, et on rencontrait les autres bataillons étrangers. Un véritable tour du monde. J’adorais les fidjiens, ils étaient vraiment cool!, les finlandais... assez froid. Les norvégiens sympa, les népalais... surprenant... enfin bref, à chaque fois que nous nous arrêtions dans un bataillon étranger, c’était un peu comme si nous étions dans leur pays, tant la culture était présente.
Je crois que je pourrai noircir des pages et des pages sur ce passage de ma vie, mais aujourd’hui j’ai juste envie de vous faire partager une de ces expériences. Pas une expérience de guerre, les journaux s’en charge assez, non juste une expérience humaine.
Près du camp vivaient beaucoup de personnes. Certains y avaient ouvert une petite boutique où nous pouvions dépenser nos dollars. On y trouvait à peu près tout ce qui pouvait se vendre, et la population locale était toujours prête à rendre service. Nous avions donc pris l’habitude de faire laver et repasser notre linge dans une famille en échange de quelques dollars. Au fil du temps, cette famille devenait comme une famille d’accueil, à qui on rendait visite dès que nous avions un peu de temps libre pour discuter un peu et donner notre sac de linge. Un soir, je me rendis donc dans ma famille d’accueil, et j'eus le privilège d’être invité dans l’arrière boutique par le propriétaire des lieux. Sa joie se lisait sur son visage et je voyais bien qu’il avait vraiment envie de me faire plaisir. Il me prit de m'asseoir, ce que je fit. Nous commençons à discuter jusqu’au moment où réjouie, il me tendit un verre de lait chaud. Du lait chaud, ce n’était pas ma tasse de thé... Je n’avais donc pas spécialement envie de le boire, et n’y prêta qu’une vague attention. Je vis très vite que mon désintérêt pour son verre de lait le décevait vraiment. Il m’a fallut un peu de temps pour comprendre que ce qui le réjouissait depuis le début, c’est qu’il voulait m’offrir un verre de lait. Le lait, nous n’en manquions pas au camp et bizarrement j’avais extrapolé en pensant que eux non plus n’en manquaient pas... Ben j’avais tout faux... Ce procurer du lait, ça n’avait rien de facile pour eux. Et m’offrir ce verre de lait dépassait largement le cadre du “tiens tu bois un coup?”. J’ai donc fait l’effort de boire ce verre en le remerciant chaleureusement pour ce geste. Je n’en ai pas laissé une goutte!
Je repense souvent à cette anecdote et au fait qu’un produit courant comme le lait puisse devenir un produit de luxe pour certains. Chaque fois qu’il y a une collecte alimentaire dans mon supermarché pour les restos du coeur ou autres, je repense à cette histoire, et je réalise le bien que je peux faire en achetant quelques boites, couches pour bébé, ou autre nécessaire d'hygiène. Je repense à ces sourires, à cette générosité et je me dis qu’en achetant quelques denrées c’est certainement à un bonheur identique que je contribue. Qu’une mère ou un père sera heureux de pouvoir donner quelque chose de bon à ses enfants ou sa famille. C’est à ça que je pense lorsque je tends ce que j’ai acheté aux bénévoles qui font la collecte.