Dès que nous parlons de compassion, immanquablement les mêmes questions reviennent. Le malentendu réside essentiellement dans le fait
qu’on assimile la compassion à une sorte de soumission, d’une gentillesse naïve et passive. Parce qu’on fait preuve de compassion on se laisserait manipuler, abuser et marcher sur les
pieds.
Objectivement tout cela n’a rien à voir. Agir avec compassion, ne veux pas dire ne rien faire. Nous pouvons agir fermement s’il le faut
mais toujours avec compassion. Pour prendre un exemple concret, lorsque nos enfants font des bêtises, nous savons nous montrer fermes sans pour autant emplir notre coeur de haine. Certes, il
arrive que la colère déborde un peu, mais face à nos enfants, et quelles que soient leurs bêtises, notre coeur reste sans haine. Heureusement d’ailleurs... Notre fermeté est motivée par notre
amour. On comprends tous qu’aimer ses enfants ne veut pas dire les laisser faire ce qu’ils veulent ou se laisser manipuler par eux.
Cultiver la compassion change essentiellement notre manière d’agir face aux situations mais ne nous expose pas pour autant à la
méchanceté des autres. D’ailleurs être colérique ou s’autoriser la haine, n’a jamais rendu notre vie plus facile... Et il est même certain que cultiver la compassion facilite plus souvent la vie
que ce qu’elle ne la complique. Elle permet en général d’avoir des réactions plus saines et mesurées lors d’une situation conflictuelle.
Gandhi disait que la non-violence c’est agir avec la force de l’âme. C’est ce dont il s’agit ici. Alors bien sûr ce n’est pas au moment
où une situation conflictuelle survient qu’on peut spontanément faire s’élever la compassion en nous. On ne peut pas se dire qu’on « travaillera » la compassion le jour où nous en aurons besoin.
La compassion se cultive tous les jours, elle doit devenir naturelle pour que le moment venu elle s’élève naturellement à la place de la haine.
La haine, la colère ou la compassion ne sont pas l’action, mais plutôt l’état d’esprit avec lequel on agit. La nuance est de taille, en
aucun cas la haine ou la colère ont le privilège de l’action.
Justifier notre haine par l’attitude de l’autre reviendrait à accepter le fait que la haine de l’autre puisse également avoir une
cause. Et ce, même si celle-ci nous échappe. Notre haine ne serait donc pas plus légitime que la sienne.
On peut passer des années à vouloir apprendre à se battre pour faire face le jour où... De la même manière il n’est jamais vain de
cultiver la compassion pour qu’en cas de nécessité ce soit la compassion qui colore notre action et non la haine ou la colère. Nos réactions n’en seront que meilleures.