Dès qu’on commence à s’intéresser à la nutrition, on réalise très vite qu’aujourd’hui, l’enjeu n’est plus la santé qui découle de l’art
de se nourrir. Aujourd’hui, les enjeux sont financiers, on nourrit pour faire du profit. Nous sommes de la chaire à profits. La santé est bien prise en compte, mais pas forcement tel qu’on
l’imaginerait. Nous avons tous conscience qu’un malade rapporte plus à l’industrie pharmaceutique (et donc au PIB) qu’une personne en bonne santé.
Mais arrêtons là ces considérations et observons un argumentaire qu’on a tendance à accepter sans même le confronter à notre bon sens
ou simplement notre sens critique.
Depuis notre plus tendre enfance nous entendons dire que la viande est source de protéines. Comme les protéines sont aussi présentes
dans les végétaux, on a ajouté un adjectif aux protéines animales pour les qualifier de « bonnes » protéines. Essayons de comprendre ce qu’il y a de si bon pour justifier l’ajout d’un
adjectif.
Nous consommons des protéines pour obtenir des acides aminés que le corps ne sait pas synthétiser lui-même. Il synthétise une multitude
d’acides aminés, mais certaines, il n’y arrive pas. Il doit donc les trouver dans l’alimentation. Ces acides aminés sont au nombre de 8 ( parfois on en compte 9 mais dans le raisonnement qui
suit, ça ne changera pas grand chose ). Ces 8 acides aminés doivent être présents dans notre alimentation, et pour corser le tout, ils doivent l’être dans des bonnes proportions. Ceci est
d’autant plus important que si certains acides aminés manquent, ils empêchent l’absorption des autres, même présents en bonnes proportions.
Jusqu’à là, l’argumentaire est sérieux, c’est même prouvé scientifiquement. Revenons donc à nos bonnes protéines. En s’appuyant sur le
raisonnement fait ci-dessus on tire la conclusion qu’un morceau de viande est une bonne source de protéine car il contient les 8 acides aminés nécessaires et dans les bonnes proportions. Au
passage c’est aussi le cas de plusieurs végétaux comme le quinoa.
Toutefois si on analyse cet argumentaire, il nous conduit à une logique absurde. En effet, si nous devons manger quelque chose qui
contienne exactement les protéines et acides aminés dont nous avons besoin et dans les proportions dont nous avons besoin, si nous suivons ce raisonnement, il existe alors une viande idéale pour
nous les hommes... la chaire humaine... C’est en effet la seule viande qui contienne exactement ce dont nous avons besoin dans les bonnes proportions.
Attention, je n’ai pas dit qu’il fallait dès maintenant regarder son voisin avec envie...
Maintenant, tentons une autre logique, partons de ce que nous sommes. Après tout, la nature semble bien faite, regardons donc comment
nous sommes fait. On dispose pour ça de trois catégories :
Carnivores
Omnivores
Herbivores
Dans quelle catégorie devrions nous nous placer ? Plusieurs scientifiques se sont penchés sur le sujet, dont le célèbre naturaliste
français Cuvier. Ses conclusions sont sans appel, nous avons le corps et l’organisme d’un herbivore. Vous pourrez trouver le détail de son étude ici. Pour lui, il ne fait aucun doute que l’essentiel de notre
alimentation doit être végétale.
Revenons à nos protéines. Puisque nous n’aspirons pas à devenir cannibale pouvons nous nous satisfaire de protéines végétales. La
réponse est bien évidemment oui. S’il est vrai que les aliments n’ont pas tous les bonnes quantités d’acides aminés, une simple association règle le problème. Les aliments se complétant les uns
les autres. Par exemple, riz et lentilles, ou riz et soja, blé et pois-chiches, haricot rouge et maïs.
L’argument des « bonnes » protéines n’a aucun fondement scientifique. Il n’est là que pour inciter voire obliger à consommer de la
viande en s’appuyant sur un argumentaire limite fallacieux. Cela n’aurait bien évidemment aucune incidence si manger de la viande était sans conséquence. Malheureusement ce n’est pas le cas. Les
effets néfastes de la viande sur la santé, sur la faim dans le monde, sur la pollution et la consommation des ressources sont suffisamment détaillés pour ne pas y revenir dans cet
article.
La viande et la protéine animale en général n’est donc pas une « bonne » source de protéines, mais juste une source de protéines. Et si
nous regardons comment nous sommes fait, ce ne devrait pas constituer notre source principale de protéines.
On dit toujours plus c’est gros plus ça passe, mais là c’est vraiment nous faire avaler n’importe quoi...
Je rédigerai prochainement un article dédié aux protéines. En attendant, prenons conscience que la nutrition est un art que nous ne
devons pas laisser aux mains des financiers. Comme le disait Hyppocrate, notre alimentation est notre première médecine. Alors n’avalons plus n’importe quoi.