Lorsque j'ai fait le choix d'une alimentation végétalienne, je n'avais pas imaginé qu'il me faudrait me justifier à chaque fois que je
m'installerai devant mon assiette !
L’alimentation végétalienne consiste à se nourrir de produits exclusivement d’origine végétale, et je ne vous ferai pas l’offense de
vous décrire à quel point cette alimentation est riche en goûts et en bienfaits !
Et lorsque de façon cohérente, j’ai ensuite fait le choix d’une vie vegan, je n’avais pas non plus imaginé à quelles réactions j’allais
me retrouver confronté !
Faire le choix d’un mode de vie au sein duquel valeurs éthiques, alimentaires et de consommation en général sont en adéquation me
paraissait naturel. Naturel de choisir de consommer des produits ne résultant pas de l'exploitation humaine, animale et respectueux de l'environnement. Être vegan inclut selon moi de
privilégier une consommation dite « équitable », au minimum.
La majorité des questions que mes évolutions existentielles ont provoquées montrent l'intérêt qui est porté à une alimentation saine
par la plupart des gens. Et c'est plutôt bon signe !
Cependant, même si cela reste anecdotique, ces choix m’ont aussi montré que je devais désormais faire face à certains comportements
discriminants, moqueurs voire méchants. Ces comportements ne m’ont jamais dissuadé et ne m'affectent pas aujourd’hui. J'assume mes choix sans difficulté.
Mais je m'interroge : pourquoi les végétaliens et a fortiori les végans, dérangent-ils autant ?
L'éthique végan repose sur l’élargissement du champ de sa compassion à tous les êtres sensibles, animaux humains et non humains. Elle
induit de fait le respect de la vie sous toutes ses formes. On serait logiquement enclin à penser que plus on respecte la vie moins on dérange.
D’autant que si nous demandons aux gens dans quel monde ils voudraient vivre, la majorité d’entre eux répondent sans hésiter qu’ils
voudraient vivre dans un monde moins violent et plus respectueux.
Le véganisme est en parfait accord avec ce vœu !
Malgré ça, paradoxalement, dès que vous prononcez les mots « je suis vegan », la sensation de déranger se fait très nette…
Aurais-je dit un gros mot ?
Autre paradoxe, parmi les fleurons des réactions, un argumentaire récurrent… Nous sommes des prédateurs (le cliché du lion et de la
gazelle est un must du genre), des carnivores, nous devons nous assumer comme tel. Histoire de donner un peu de profondeur à ce raisonnement, on n'hésite pas à rappeler que si les hommes
préhistoriques n'avaient pas chassé pour survivre, nous ne serions peut-être pas là. Pourquoi pas. Toutefois, force est de constater qu'appeler l'homme des cavernes à la rescousse est souvent à
géométrie variable. Parlez de décroissance, de limitation de la consommation énergétique ou autres réductions de train de vie de notre société consumériste, et on vous répond illico :
" non mais ça va pas, on va pas revenir à l'âge des cavernes !"
Par contre, dès qu'il s'agit de consommation de viande et autres produits animaux, on appelle Lucy à la rescousse pour dire qu'on ne veut rien changer. La caverne du mangeur de viande est devenue plus célèbre que celle de Platon...
Je comprends aujourd’hui que les végans dérangent par l'image culpabilisante qu'ils renvoient. Sans rien dire, par leur comportement
quotidien, ils montrent que notre société ne tue pas par nécessité mais bien par plaisir.
Je ne dis pas que les végans ont une meilleure qualité de vie mais
ils prouvent de facto que l’on peut vivre, se nourrir, se vêtir et tout le reste sans avoir à tuer ou faire tuer.
Quant à faire évoluer notre monde vers plus de compassion, plus de tolérance, vers une ouverture sur l’idée qu’il existe d’autres
façons de se nourrir, de se vêtir, de consommer, de vivre en général, je pense que le veganisme porte en lui une partie de la solution. La vie quotidienne des vegans parle
d’elle-même.
Evolution plus que révolution, petit caillou après petit caillou, on finir par dessiner un beau chemin…
Les végans pourront peut-être un jour manger sans avoir à se justifier de respecter la vie...