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9 février 2008 6 09 /02 /février /2008 22:02

Il y a quelques temps encore, pour entrer dans le bâtiment où je travaille, il me fallait franchir un sas composé de deux doubles portes. Les portes n’étaient pas spécialement faciles à ouvrir, et l’hiver, lorsqu’elles restaient ouvertes, un froid glacial envahissait le couloir sur lequel elle donnaient.

Mais on n’arrête pas le progrès. Cette année, le Père-Noël avait dans sa hotte, de belles portes automatiques qui après quelques travaux, équipèrent le fameux sas. La classe! Une entrée toute neuve. Maintenant, lorsque j’arrive, inutile de sortir les mains glacées que je réchauffe tant bien que mal dans les poches de mon pantalon. Non! Il me suffit d’avancer, de garder mon pas décidé et volontaire, et d’avoir confiance en la technique. Un capteur détectera ma présence et, sans que je lui demande, actionnera les portes.

Les premiers jours, j’avais presque envie d’entrer et sortir du bâtiment, juste pour jouer avec les portes, mais comme on ne me paie pas pour ça, j’ai abandonné cette folle idée... Néanmoins, après quelques jours, je fini par me rendre compte que quelque chose avait changé. Quelque chose n’était plus comme avant. Ce qui avait changé, c’était les gens que le sas avale ou recrache à longueur de journée.

Avec les anciennes portes, nous faisions tout le temps attention qu’il n’y ai personne derrière. Si c’était le cas, nous tenions la porte, quitte à faire une pause pour laisser le temps à la personne d’arriver. On se disait merci, on se regardait, se souriait, et si on se connaissait, on échangeait quelques mots. Maintenant, ce n’est plus le couloir qui est froid, mais l’ambiance... chacun reste dans sa bulle. Plus besoin de faire attention l’un à l’autre, le capteur et là pour ça. Plus besoin de politesse ou de galanterie, chacun peut rester concentré sur ce qu’il a à faire...

Je vous rassure, je ne vais pas monter une association pour l’abolition des portes automatiques... C’est juste une façon de souligner que souvent, des progrès comme celui-ci destiné à nous simplifier la vie, nous enlève, sans que nous n’y prenions garde, des interactions que nous avions avec nos semblables. Ce qui est dommage, ce n’est pas de perdre ces interactions, mais simplement de ne pas s’en rendre compte. Nous avons encore un peu moins besoin de faire attention aux autres.

Heureusement, il me reste les portillons de tourniquet dans le métro pour avoir la chance de tenir la porte à une jolie femme... C’est d’ailleurs assez amusant de regarder les gens interagir entre eux. Ceux qui ont la chance d’avoir encore des portes à l’ancienne à franchir peuvent s’en rendre compte. Si par exemple on ne veut pas tenir la porte à quelqu’un, on accélère le pas pour mettre la distance nécessaire qui fait comprendre à l’autre qu’il était trop loin pour qu’on lui tienne la porte. Si c’est une jolie femme qui avance, il n’est pas rare de voir un homme adapter son pas pour se synchroniser avec le moment où elle devra franchir la porte afin de lui faire cette politesse et avoir un sourire en échange. La porte agissant comme un goulet d’étranglement, nous étions obligés de faire attention les uns aux autres bien avant d’arriver sur elle...

Ce sont tout ces petits échanges gratuits, sans attente particulière que je regrette d’avoir perdu avec les portes automatiques. Les portes s’ouvrent plus facilement mais les coeurs se ferment encore un peu plus. Une société humaine a besoin de ces échanges qui tissent des liens permanents entre les êtres. Ne nous éloignons donc pas un peu plus les uns des autres. Soyons vigilant et...

Portez-vous bien...

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commentaires

A
Que voilà un Genfi Poète !...( j'aime particulièrement ton image des " portes qui s'ouvrent quand que les coeurs se ferment "...)De belles pensées, de saines valeurs dans ton texte.Je te salue cordialement,                            Alice.
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P
Eh bien voilà, une perte de temps, donc de productivité, supprimée. Merci patron !! Pour le reste, tu as raison. Remarques, nous avons bataillé pendant des années, pour mettre des portes automatiques aux ascenseurs, ils viennent de nous les mettre l'année dernière, mais pas grâce à nos actions, mais parce que une loi les y obligeait. Ciao genfi.
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E
c'est drôle comment tu remarque les choses; je n'y aurais jamais prêté attention, et pourtant, c'est tellement vrai. Rien de plus plaisant qu'un homme qui vous tient la porte, le monsieur qui vous aide avec vos sacs...c'est chouette le féminisme, mais moi j'aime bien les attentions des hommes qui m'aident...
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P
Que tu es joueur quand même, tu devrais te faire plaisir tu sais tu arrives un peu plus pour pouvoir t'amuser à je passe et je repasse sans aucun témoin, aussi drôle que les courses de caddy au supermarket(o;Le piège de ne pas faire attention avec ce type de porte est qu'un jour où l'autre si elle à une tite panne il y en aura forcémment qui vont gouter du carreaulolC'est certes plus pratique mais un peu comme la machine à café qui vient d'arriver là ou je travaille, cela déshumanise encore un peu plus le monde du travail...Aller plus vite, passer à côté des autres, je trouve cela d'une grande tristesse...Rentabilité quand tu tiens ceux qui sont en haut de la pyramide hierarchique....Bon we Biz
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C
dans le métro à saint mitre les remparts, je n'ai rien remarqué d'anormal. MDR... Je comparerai volontiers Istres (45 000 habitants) et St Mitre (5000)... les relations dans la rue ne sont pas les mêmes : on se salue même si on ne se connait pas forcément, à la poste, on laisse passer celui qui est pressé, quand deux quidams engagent la conversation dans la file d'attente, ça fait vite meeting... on prend le temps pour tout... Les jolies dames ont bien de la chance... Cela veut-il dire que celles qui sont moins favorisées par la vie se prennent le tourniquet dans la tronche? Rappelle toi enfin l'expérience hollandaise d'enlever toute signalétique routière ce qui avait considérablement fait baisser le taux d'accidents, en invitant les gens à plus de civisme... On est dans le sujet, là... plus de civisme...Potons provençaus
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